jeudi 29 novembre 2012

Alpes-de-Haute-Provence : de l’eau pour les bêtes et les hommes

Les premières montagnes des Alpes du Sud (Moyen-Verdon, Vaïre, Var, Monges) au substrat calcaire, aux températures chaudes, souffrent structurellement du manque d’eau. Le manque de ce précieux liquide sur ces alpages est un handicap majeur tant pour les bêtes que pour les bergers. En effet, sur de nombreux alpages, les seuls points d’eau se trouvent à plusieurs kilomètres de marche, souvent dans les vallons. L’abreuvement du troupeau devient une épreuve pour les bêtes et pour celui ou celle qui les accompagne. Les sècheresses estivales récurrentes nous rappellent, s’il est encore nécessaire, que les herbivores ont besoin d’eau. Ce besoin croît avec la déshydratation des végétaux qu’ils consomment. Ainsi, sur des pelouses très sèches, des brebis vont boire jusqu’à 4 litres par jour chacune. Dans les mêmes conditions de sècheresse, une vache allaitante absorbera en moyenne 60 litres par jour. L’eau est un élément très important pour la rumination et l’assimilation des nutriments. En ce sens, l’eau conditionne directement les performances zootechniques.
Abreuver les troupeaux préoccupe l’homme de très longue date. Pour preuve, les ayguiers (cabanons en pierres sèches coiffant une citerne alimentée par la toiture) du Luberon lieu de plusieurs siècles, quant aux « lavognes » (dépressions naturelles imperméabilisées par de l’argile pour retenir l’eau de pluie) du Larzac, elles remonteraient au moins au 1er siècle avant J-C. Avec les impluviums pastoraux, le principe reste le même, seuls les matériaux, les moyens et la technique changent : on creuse un bassin imperméabilisé par une bâche destiné à stocker le volume d’eau de pluie nécessaire à satisfaire les besoins du troupeau. Ces équipements se multiplient : une quinzaine dans le Moyen Verdon, le pays d’Annot, et les Monges et 3 supplémentaires en cours de réalisation. Le prix moyen d’un impluvium se situe autour de 20.000 € TTC (très variable suivant les travaux de
terrassement à réaliser).


Si ces impluviums peuvent abreuver des animaux, leurs eaux sont en revanche impropres à la consom-mation humaine. Ainsi, bien souvent la corvée d’eau pour la bergère ou le berger est encore plus difficile à résoudre. Lorsqu’une source se trouve plus haut que la cabane, quand bien même à plusieurs centaines de mètres, il suffit de poser des tuyaux pour l’amener à la cabane par gravité. Mais lorsque celle-ci est en contrebas, tout se complique. Heureusement le développement récent de pompes fonctionnant à partir d’électricité photovoltaïque ouvre de nouvelles possibilités dans des conditions in-envisageables jusqu’il y a peu. C’est ainsi que cette année, un nouveau pas a été franchi par l’installation de trois pompes photo-voltaïques  permettant de remonter de l’eau jusqu’aux cabanes et d’alimenter des abreuvoirs sur des dénivelés croissants : 50 m. pour 1200 m. de linéaire de tuyau sur la Montagne de Maurel (commune de La Mure-Argens), 80 m. avec 600 m. de tuyau à Bernardez (commune de Méolans-Revel), enfin 250 m. de dénivelé pour un linéaire de 800 m sur l’alpage du Teillon (commune de La Garde). Les éleveurs, les bergers, et les brebis sont ravis ! Des projets qui nous rappellent qu’en Provence, l’eau n’a pas de prix !



Pour en savoir plus : sgole@cerpam.fr, dbaron@cerpam.fr, et bbeylier@cerpam.fr