vendredi 4 octobre 2013

Bouches-du-Rhône : vulnérabilité de l’élevage ovin au changement climatique



La Communauté du Pays d’Aix compte près de 350 000 habitants sur 1300 km². Dans ce territoire très peuplé et soumis à une forte périurbanisation, se trouvent à la fois des prairies très productives dans la vallée de la Durance comme de vastes espaces de collines et de forêt. Ce paysage est propice à différentes formes d’élevage ovin que l’on retrouve parmi la vingtaine d’exploitations présentes sur ce territoire, toutes spécialisées dans la vente d’agneaux et parfois de foin, et transhumantes en alpage.
Les troupeaux sont généralement importants, avec une moyenne de 800 brebis. Certains élevages sont très herbagers, avec des surfaces importantes de prairies leur assurant une autonomie fourragère et des excédents de foin à vendre. D’autres, la majorité, sont très pastoraux, avec en moyenne près de 1000 hectares de parcours leur permettant une alimentation des mères et des agneaux en automne, en hiver et au printemps. Dans les deux cas, ces exploitations savent gérer les aléas climatiques en se donnant « du large » pour passer les mauvaises années avec suffisamment de foin pour les unes, de surfaces de parcours pour les autres : sécurité herbagère ou pastorale. Les plus grosses exploitations « jouent sur les deux tableaux » en recherchant un équilibre entre la disponibilité en prairies et le déploiement sur parcours selon les lots d’animaux et les saisons. Ce sont en fait les petites exploitations pastorales insérées dans les interstices périurbains qui s’avèrent les plus vulnérables aux questions climatiques. Ayant des effectifs plus réduits, 450 têtes en moyenne, ces éleveurs recherchent souvent une meilleure valorisation de leur produit par des circuits courts. Mais ils disposent de surfaces pastorales moindres et mobilisent des milieux ouverts de campas (vieux prés), friches et restoubles (regain sur terres cultivées), tout à la fois sensibles à la sécheresse et précaires.
Les accidents climatiques qui inquiètent le plus les éleveurs concernent les saisons de soudure en fin d’hiver et fin d’été, affectant les deux saisons de pousse de l’herbe en climat méditerranéen. C’est d’abord la solidité de la structure des exploitations, qu’elles soient d’abord herbagères ou pastorales, et la disposition de surfaces tampons en réserve, qui leur permet d’y résister. A l’inverse, les exploitations trop serrées en surfaces et fragilisées par la périurbanisation, doivent acheter du fourrage les mauvaises années ce qui affecte leur équilibre économique. La diversification n’est pas une réponse sécurisant les élevages, en effet, elle demande une disponibilité en temps qui n’existe pas dans des systèmes privilégiant largement le gardiennage. Ces résultats fournissent une série d’enseignements utiles à mobiliser quant à l’adaptation des exploitations au changement climatique.

Pour en savoir plus : sdebit@cerpam.fr