Un séminaire technique
s’est tenu sur la Commune
de Valdeblore dans les Alpes-Maritimes les 3 et 4 juin 2013, pour faire le
point sur la protection des troupeaux, son efficacité, ses difficultés de mise
en œuvre et ses limites. Si Valdeblore est la commune sur laquelle s’est
produite la première observation de deux loups le 2 novembre 1992, ce n’est pas
pour cette raison que la rencontre s’est tenue en ce lieu. Il s’agissait pour
tous les acteurs engagés dans la protection des troupeaux de manifester leur
solidarité avec les éleveurs des Alpes-Maritimes, ceux qui subissent le loup
depuis le plus longtemps et avec le plus d’intensité et qui se sentent parfois
oubliés voire sacrifiés. Après l’accueil qui a été effectué par le Maire de Valdeblore,
également en qualité de Président du Parc national du Mercantour, le Président
de la Chambre
d’Agriculture et celui du CERPAM ont ouvert cette manifestation technique
coorganisée par leurs deux structures. Les interventions techniques présentées
par ces structures ainsi que les DDT des Alpes-Maritimes, des Hautes-Alpes et
de Savoie, l’OIER-SUAMME de Languedoc-Roussillon, l’ADEM pour la Drôme, la Chambre régionale
d’agriculture de Franche-Comté, l’ONCFS et l’Institut de l’Elevage ont fait le
point sur l’expérience acquise sur la protection des troupeaux, notamment dans
les pâturages des exploitations d’élevage, où elle soulève de nombreuses
interrogations et inquiétudes. Les Ministères de l’Ecologie et de l’Agriculture
ont présenté le nouveau plan d’action sur le loup et répondu aux très
nombreuses questions à ce sujet.
Mais ce sont bien les
témoignages des éleveurs des Alpes-Maritimes, de Lozère, des Vosges et de la Drôme, ces derniers au
travers du film « Eleveurs, les morsures invisibles » réalisé par la MSA Drôme-Ardèche-Loire
et présenté par son réalisateur, qui ont marqué les esprits.
Le drame étant que là où la présence du prédateur est la plus ancienne, la
prédation est la plus lourde et l’épuisement des éleveurs le plus manifeste,
malgré une mise en œuvre généralisée des mesures de protection. Il y a là
clairement un échec, du moins dans les départements méditerranéens, du pari qui
voulait il y a quinze ans que les importantes difficultés de terrain déjà
rencontrées correspondaient au temps d’apprentissage des éleveurs et
d’adaptation à un bouleversement de leurs pratiques, avant de trouver un
équilibre avec le prédateur au fur et à mesure de l’acquisition d’une
expérience croissante.
L’ouvrage
« Protection des troupeaux contre la prédation », coédité par le
CERPAM et les éditions de La
Cardère en décembre 2012, a été remis aux quelques 150 participants
issus d’horizons très divers, certains venus de l’étranger comme l’Allemagne et
la Finlande. Tous
sont repartis avec la perception que l’avenir du dossier, tant dans les zones
anciennes de présence que dans les nouveaux fronts de colonisation, est lourd
d’incertitudes. Et ce, d’autant plus que toutes les zones en déprise favorables
à l’arrivée du loup sont aussi celles où se déploie le plus largement l’élevage
pastoral…
Pour en savoir plus : lgarde@cerpam.fr