Le CERPAM, en tant qu’organisme membre du
Groupe National Loup au titre de son expertise pastorale, a été consulté
par le Ministère de l’Ecologie sur un projet de Recommandation du Comité
permanent d’application de la Convention de Berne visant à accorder aux
hybrides de chiens et de loups présents dans la nature le même statut de
protection stricte qu’au loup. A cette occasion, le CERPAM, qui avait déjà
soulevé la question du loup hybridé auprès du Ministère de l’Ecologie dès 1997,
a effectué un travail bibliographique, s’appuyant notamment sur les résultats
du programme LIFE intitulé Ibriwolf. Ce travail a permis de communiquer au
public français les travaux menés en Italie qui montrent un taux d’hybridation
pouvant aller de 10 à 40 % de la population des loups dans diverses régions
d’Italie, mais aussi la faiblesse de l’outil génétique pour repérer les traces
d’une hybridation déjà ancienne. En effet, la population de souche italienne
colonisant la France est issue d’un noyau résiduel extrêmement réduit comptant
moins de 100
individus dans les
années 1960-1970, et vivant dans un environnement où les chiens errants étaient
donnés pour être extrêmement nombreux par les scientifiques italiens :
pour chaque loup, on aurait dénombré 1000 à 10 000 chiens errants !
De cette époque, daterait une hybridation s’expliquant par une probabilité de
rencontre très importante de partenaires canins pour des loups très raréfiés.
Il en résulte un jeu de questions à ce jour
sans réponses : quel est le degré d’hybridation des loups italiens ayant
donné naissance à la population française de loups ? Quelle est la valeur
de biodiversité à attribuer à une population qui se révèlerait largement
hybridée ? Comment gérer une telle population, alors même que les
scientifiques considèrent l’hybridation comme la principale menace pesant sur
le loup sauvage ? Ces éléments éclairent d’un jour nouveau les efforts
d’adaptation considérables qui sont demandés aux éleveurs.