mercredi 25 avril 2012

Régions méditerranéennes : les parcours ne doivent pas être oubliés dans la réforme de la PAC


Le 16 janvier 2012, le Conseil d’Administration du CERPAM a examiné le statut des parcours dans le projet de réforme de la Politique Agricole Commune. Il affirme la nécessite de maintenir l’éligibilité des surfaces pastorales à la PAC. Jusqu’à présent en effet, le règlement européen a retenu parmi les surfaces agricoles éligibles à la PAC une catégorie dénommée « pâturages permanents », incluant les surfaces pastorales – même si déjà quelques questions étaient soulevées pour les parcours boisés, embroussaillés ou « sans herbe ». Dans son projet de nouveau règlement à partir de 2014, la proposition de la Commission apparait nettement plus restrictive : la catégorie des « pâturages permanents » est remplacée par celle des « prairies permanentes », pour laquelle la présence d’une ressource à base d’herbe doit être prépondérante. Que deviennent alors tous les espaces de parcours dont la ressource fourragère est tout autant, voire plus, fournie par les arbustes, les feuillages d’arbres, les fruits tels que glands ou châtaignes ? Une estimation rapide effectuée par le CERPAM montre que les parcours boisés représentent 40 % des surfaces pastorales régionales, et les parcours « sans herbe » 5 %.
Prenant acte de ces données, le Conseil a demandé que le projet de règlement européen prenne véritablement en compte les caractéristiques du pastoralisme méditerranéen, en France comme dans bien d’autres Etats membres. Dans ce but, la catégorie antérieure des « pâturages permanents » doit être conservée, avec une définition suffisamment ouverte pour qu’elle puisse intégrer tout type de surface pastorale, dès lors que celle-ci présente une ressource fourragère accessible aux animaux et consommable par les troupeaux, et ce quelle qu’en soit la nature : c’est l’usage pastoral qui doit déterminer la qualification « agricole » d’une surface, et non ses caractéristiques de végétation. Il appartiendrait ensuite à chaque Etat de préciser au niveau local les différents types de surfaces à usage pastoral, rendant celles-ci alors éligibles à l’ensemble des dispositions de la future PAC : droits à paiements de base, mesures agro-environnementales, etc. Un coefficient de pondération peut bien sûr leur être appliqué afin de tenir compte de la valeur relative des différents types de surfaces fourragères.
Le Conseil s’est félicité du courrier adressé en ce sens par la Chambre Régionale d’Agriculture au Ministre de l’Agriculture, comme des positions arrêtées de même par la Commission Montagne de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture. Il a donné sa validation pour co-signature par le Président de la motion de niveau européen établie  par le Forum Européen pour la Conservation de la Nature et le Pastoralisme, ainsi que du courrier commun proposé par Parcs nationaux de France dans un but identique et soutenu par un argumentaire fondé sur la préservation environnementale des espaces pastoraux.

Pour en savoir plus : secretariat@cerpam.fr

Régional : maintenir l’intérêt collectif dans l’application des futurs Droits à Paiement de Base (DPB) aux surfaces gérées par les Groupements pastoraux


Lors de sa réunion du 16 janvier 2012, le Conseil d’Administration du CERPAM a également examiné les modalités nationales d’application des DPU et des futurs DPB aux surfaces collectives. Depuis 2010, pour renforcer les soutiens de la PAC au secteur de l’élevage, le Ministère de l’Agriculture a décidé d’asseoir la création de nouveaux DPU sur les surfaces utilisées collectivement en les affectant à chaque éleveur concerné au prorata de l’effectif de ses animaux dans le troupeau commun. Les DPU générés par les surfaces collectives sont ainsi aujourd’hui la propriété personnelle des éleveurs membres des Groupements pastoraux en 2010, et ils peuvent en faire un libre usage (cessions, prêts, …) en respectant les règles propres à l’activation et à la gestion de ces Droits. Si l’intérêt de la démarche générale est certain, la « privatisation » des droits issus des surfaces collectives soulève de fortes questions pour le présent et l’avenir des Groupements pastoraux : ces entités collectives sont évolutives, des éleveurs membres s’arrêtent et d’autres les remplacent, les effectifs d’animaux regroupés varient, etc. Que deviendront  alors les DPU issus des surfaces collectives ? Comment gérer les disparités entre éleveurs membres disposant de DPU et ceux n’en ayant pas ? N’est-ce pas toute la structuration collective qui est menacée à terme, alors que les espaces pastoraux collectifs, en alpage comme ailleurs, constituent un élément primordial d’organisation et de sécurité pour les exploitations d’élevage pastoral en place comme pour celles à venir par la voie des installations ?
Face à ces questions, le Conseil recommande de veiller à préserver l’avenir et la spécificité des surfaces pastorales à gestion collective, dont le rôle et l’utilité ne se démentiront certainement pas dans les années futures. A cet effet, il considère que les Droits relevant de ces surfaces doivent leur rester attachés et être portés par les entités collectives gestionnaires ; celles-ci auront alors à charge de les redistribuer annuellement et intégralement aux éleveurs concernés au prorata de la contribution de chacun au troupeau commun, en raison du caractère clairement défini de soutien économique de la PAC au revenu des exploitations que revêtent  les DPU aujourd’hui et les DPB demain. Diverses questions pratiques d’application devront être précisées, mais l’échéance de 2014 pour la mise en œuvre de la réforme de la PAC fournit l’opportunité de repositionner et de consolider ainsi le statut des surfaces pastorales collectives.

Pour en savoir plus : secretariat@cerpam.fr

Alpes-de-Haute-Provence : les Groupements Pastoraux fêtent les 40 ans de la Loi Pastorale à Paris


Crédit photo B.MSIKA

C’est à la Loi Pastorale de 1972 que les Groupements pastoraux doivent leur existence. La Fédération des GP des Alpes de Haute-Provence (ESTIVALP) qui compte aujourd’hui 120 GP adhérents, se devait de répondre présente à l’anniversaire des 40 ans organisé le 1er mars 2012 par l’Association Française de Pastoralisme. Ce sont près de 25 représentants de Groupements pastoraux bas-alpins qui ont fait le déplacement jusqu’à la capitale pour participer à cet évènement national. Ils ont pu ainsi apprendre les étapes fondatrices de cette Loi propre au pastoralisme et unique en Europe, conduisant à des applications aujourd’hui très répandues : Groupement Pastoral bien sûr, mais aussi Association Foncière Pastorale, Convention Pluriannuelle de Pâturage. Plus qu’une commémoration pour célébrer le passé, cette journée a été l’occasion pour de nombreux intervenants, dont le Président d’ESTIVALP, Jean DEBAYLE, de remettre l’activité pastorale dans une dynamique d’avenir et de progrès. Les différents intervenants français et européens ont montré à quel point le pastoralisme doit faire l’objet d’un effort permanent afin d’assurer sa place dans les politiques publiques (réglementation et aides financières). Adaptation des hommes et de leurs troupeaux à des territoires difficiles, le pastoralisme demeure en effet une activité agricole à l’écart de la course à la productivité. Les participants d’ESTIVALP ont été très heureux de savoir que dans d’autres pays, des hommes et des femmes ont le même souci de contribuer à l’entretien des milieux naturels, d’assurer la meilleure des qualités à leur produits, de moderniser leurs conditions de travail, et de transmettre des savoir-faire très riches et performants mais marginalisés par le modèle agro-industriel.

Cette journée a atteint son objectif, celui de nous rassurer. Elle a démontré que le pastoralisme est bien vivant et déterminé à tenir toute sa place à la fois dans le monde agricole, mais également auprès de l’ensemble de ses partenaires gestionnaires d’espaces naturels (Parcs nationaux et régionaux, forestiers,chasseurs,environnementalistes etc…).

Pour en savoir plus : dbaron@cerpam.fr

Hautes-Alpes : une journée d'échanges autour d'Alpages sentinelles


Le 15 mars 2012 se tenait la rencontre annuelle du programme Alpages sentinelles. Cette journée a permis à l’ensemble des acteurs impliqués de faire le point sur la saison 2011 et a fourni un moment d’échanges sur la problématique des aléas climatiques en montagne, aussi bien en alpage que dans les exploitations concernées. Alors que la fin d’hiver et le début de printemps 2011 semblaient présager une campagne similaire à celle de 2003, des températures moyennes et les pluies du mois de juin ont permis, en alpage tout du moins, à la ressource fourragère d’être bien présente. Globalement, il en ressort que la ressource fourragère fut supérieure à celle de l’année précédente. Avec les épisodes pluvieux de juillet et des températures moyennes en été, la sécheresse ne s’est pas faite ressentir en alpage, ce qui n’a pas été systématiquement le cas dans les exploitations.
La journée, qui s’est tenue à Lavaldens, en Isère, fut l’occasion de présenter l’alpage sentinelle du Sappey. Celui-ci se caractérise par une altitude faible, des versants exposés sud et ouest ainsi que par un pâturage mixte ovin et bovin. La présence de tardons sur l’alpage donna également l’opportunité d’aborder ce sujet. Ce fut notamment intéressant de faire un rapide historique de cette pratique d’élevage, de rappeler les différentes problématiques pastorales liées à la présence de tardons dans les troupeaux et enfin de pointer les difficultés à valoriser des agneaux tardons dans les réseaux de commercialisation.


Pour en savoir plus : svieux@cerpam.fr

Alpes-Maritimes : pastoralisme collectif


Les groupements pastoraux (GP) continuent de se développer dans les Alpes-Maritimes. En 2012, il existe 25 groupements pastoraux qui représentent 90 éleveurs regroupés, essentiellement des éleveurs ovins, avec de nombreux transhumants varois et bas-alpins. La grande majorité des GP ont pour orientation principale la production « ovin viande », (17 GP sur 25). Concernant les effectifs, on trouve plus de 37 000 ovins, 1200 bovins, 400 caprins et 96 équins, qui utilisent plus de 24 000 ha répartis sur 52 unités pastorales de parcours ou d’alpage, de la côte jusqu’aux frontières italiennes.
Nombre de ces groupements pastoraux sont engagés activement dans l’amélioration pastorale de leur territoire et/ou dans des contrats agro-environnementaux : un tiers des GP sont engagés dans des MAE sur les sites Natura 2000 du Mercantour et des Entraunes / Gorges de Daluis. De plus, lors des deux dernières années, 7 dossiers d’équipements ont été financés dans le cadre de la mesure 323C du PDRH, essentiellement pour l’abreuvement des troupeaux, l’équipement photovoltaïque des cabanes pastorales, la mise en place de parc de tri, mais aussi avec l’implantation d’une yourte. Du fait de leur nombre croissant et de leur répartition plus large sur le département, leur existence et leur fonctionnement sont mieux connus par les partenaires du pastoralisme. Reste maintenant à faire vivre ces groupements sur le long terme, pour des projets collectifs enrichissants.

Pour en savoir plus : algouty@cerpam.fr

Var : un Plan d’Occupation Pastorale intercommunal en Dracénie


La Communauté d’Agglomération Dracénoise (CAD), qui regroupe 16 communes autour de Draguignan, a décidé de confier au CERPAM, après appel d’offre la mise en place d’un Plan d’Occupation Pastorale Intercommunal (POPI). Celui-ci porte sur les communes d’Ampus, Bargemon, Châteaudouble, Callas, Claviers, Figanières et Montferrat : des communes rurales où le pastoralisme joue un rôle important du fait de ses dimensions économique, environnementale, culturelle et touristique. Une trentaine d’éleveurs locaux et transhumants sont concernés ; ils  utilisent près de 20 000 ha de parcours, soit environ 60% des espaces naturels de ces 7 communes.

Le POPI est un état des lieux complet et précis des activités pastorales à l’échelle de l’ensemble des communes souscrivant au programme. Il comporte une enquête auprès des éleveurs sur les territoires pâturés et les pratiques pastorales, le recensement des autres usages présents sur ces espaces, enfin une rencontre rassemblant élus, éleveurs et autres acteurs concernés. Le POPI crée ainsi une dynamique qui permet de faire émerger des projets et de programmer des actions visant à conforter et redéployer l’élevage pastoral. Le POP Intercommunal de la Dracénie est en cours de réalisation et il s’achèvera  par la signature conjointe des maires et des éleveurs concernés.



Pour en savoir plus : pthavaud@cerpam.fr

Vaucluse : création d’un abri de berger dans l’ancienne bergerie du Colombier


Le 30 mars 2012, des membres de la commune de Robion et du Parc naturel régional du Luberon ont réceptionné les travaux de création d’un logement de berger en compagnie de l’éleveur utilisateur, membre de l’Association des Bergers du Petit Luberon, ainsi que de la technicienne du CERPAM. Il s’agit d’un projet ambitieux conduit dans des conditions techniques difficiles. Le site est en effet isolé, sans accès motorisé, à plus d’une heure de marche depuis le piémont du Luberon ou la route de crête, dans une combe étroite accessible seulement par des sentiers de chèvres raides. Le chantier est arrivé à terme grâce à la ténacité de l’architecte du PNRL Pierre Prouillac qui croyait à ce projet hors normes, à une entreprise locale volontariste et efficace et à la commune de Robion qui a apporté l’autofinancement du projet (financements Feader/Conseil régional des équipements pastoraux).
Pour préserver la richesse biologique du site, l’acheminement des matériaux a été effectué avec des chevaux. Le chantier lui-même a consisté à insérer une « boîte » en matériaux légers et écologiques au sein du bâti existant. En effet, la vieille bergerie en pierres avait été remontée par le PNRL en 1979 pour la préserver de la ruine, mais elle n’offrait aucun confort  et le berger y restait le moins de temps possible Ce nouvel abri de berger de 27 m² offre les conditions de base de confort : excellente isolation, douche, évier, chauffe-eau, poêle à bois. L’eau provient de la citerne pastorale de 25 m3 à proximité qui a été rénovée. La création de ce logement de berger permet une meilleure gestion pastorale des crêtes des communaux des Taillades, de Robion et de Maubec avec un troupeau de 1000 brebis pendant un mois au printemps. L’éleveur est engagé dans une mesure agro-environnementale pour la gestion de ces pelouses et garrigues à forte biodiversité floristique, constituant également un espace de chasse pour les grands rapaces. Des travaux de débroussaillements manuels, raisonnés en fonction des circuits des animaux, ont été réalisés de 2009 à 2011 afin de restaurer le milieu. Cet aménagement participe des objectifs prioritaires du PNRL et du CERPAM pour améliorer les conditions de vie des bergers.


Pour en savoir plus : bbeylier@cerpam.fr

Vaucluse et Alpes-de-Haute-Provence : 30 ans de pastoralisme en Luberon


Le 19 avril 2012, une grande journée de célébration du pastoralisme a été organisée par le Parc naturel régional du Luberon et le CERPAM. Introduite par les présidents du PNRL et du CERPAM, Jean-Louis Joseph et Francis Solda, cette journée a rassemblé un nombreux public d’élus, de techniciens et d’éleveurs. Dès sa création, le PNRL a attaché une grande importance à la préservation et au développement des activités pastorales, en partenariat étroit avec le CERPAM, mais aussi avec l’ONF et avec l’appui scientifique de l’INRA et de l’Université de Marseille. Les intervenants ont ainsi mis en avant la constance, voire la ténacité, de la démarche menée depuis 30 ans : mobilisation foncière, organisation des éleveurs, appui aux filières, travaux d’amélioration pastorale, équipements pastoraux, et notamment cabanes et citernes, mesures agro-environnementales, enfin suivis techniques et scientifiques. Cette action a permis la préservation de la richesse biologique des pelouses sèches et des prairies, avant même que le terme de « biodiversité » n’émerge de la Conférence de Rio en 1992. Elle a permis, avec les forestiers, de renforcer la protection du massif contre les incendies qui l’ont ravagé dans les années 1950 et 1970.

Cette action continue. Les pelouses sommitales du Luberon, « parcours sentinelles » du changement climatique, sont en voie d’intégration dans un réseau régional de prise en compte des aléas climatiques sur les surfaces pastorales. De nouvelles technologies permettent d’améliorer l’habitat des bergers. Les usages multiples des espaces sylvopastoraux sont développés avec les forestiers publics et privés. La transmission des savoir-faire, le soutien aux installations, l’appui aux nouveaux circuits de commercialisation, une meilleure adaptation des mesures agro-environnementales sont en projet ou en cours de réalisation pour un élevage plus durable. Enfin un certain nombre de préoccupations ont été exprimées. Elles ont trait au statut des parcours dans la réforme de la PAC, à l’accès au foncier qui rend plus difficile les installations, enfin à l’arrivée des loups dans les Monts de Vaucluse qui pourrait remettre en cause bien des acquis.
Crédit photo PNRL




Pour en savoir plus : bbeylier@cerpam.fr