lundi 19 mai 2014

Alpes et Pyrénées : formation des bergers et pratiques de gardiennage



Le CERPAM a participé à plusieurs formations pour les bergers en ce printemps 2014, aussi bien à l’Ecole du Merle (Bouches-du-Rhône) pour le massif alpin qu’au CFPPA de St-Girons (Ariège) pour celui des Pyrénées, du 11 au 16 avril. Des thèmes variés ont été abordés, concernant les diverses pratiques de garde, la prise en compte de la biodiversité au pâturage, la diversité des contextes de pastoralisme dans les massifs alpins, pyrénéens et sur d’autres continents avec des intervenants des Pyrénées et du CIRAD présents à St-Girons, ainsi que l’épineuse question de la prédation et des contraintes qu’elle impose aux bergers. Ces formations menées devant des publics de bergers apprenants ou confirmés ont donné lieu à de nombreux échanges. Un projet d’article écrit ensemble par les pastoralistes et les bergers de l’Association des bergers de Provence et des Alpes du Sud sur la diversité des pratiques de gardiennage en est l’une des retombées. Il doit présenter les multiples « bonnes façons de faire », chacune s’adaptant à une logique, un contexte, une cohérence globale reliant l’homme, le type d’animal, le milieu naturel, le produit et son mode de commercialisation.
  
Ainsi le gardiennage permanent serré permet de conduire de gros troupeaux regroupés en s’appuyant sur de vastes formes de relief bien dégagés qui s’y prêtent, avec une race grégaire comme la Mérinos d’Arles, et pour des animaux à besoins limités. Le gardiennage permanent souple convient sur des alpages ou des parcours plus difficiles, pierreux, séchant, ou embroussaillés, ainsi que pour la conduite d’animaux à plus forts besoins, notamment les mères en fin de gestation ou en lactation avec leurs agneaux broutards qui doivent s’étaler bien plus largement pour constituer leur ration. Le lâcher-dirigé ou girade est une pratique de gardiennage non permanent sur certains quartiers favorables  en « donnant le biais » à des bêtes qui connaissent leur circuit, ce qui libère le berger pour un ravitaillement ou un temps de repos, ou l’éleveur-berger pour une autre tache sur son exploitation. Enfin, dans les Pyrénées comme dans certaines vallées alpines, la pratique dite arrage dans les Hautes-Alpes est également fréquente : de nombreux petits groupes d’animaux, appelés escabots dans les Pyrénées, valorisent de petits reliefs compartimentés peu favorables à une conduite regroupée, le travail du berger consistant alors à des visites à des intervalles variables selon la tranquillité des lieux et l’accoutumance des bêtes. Une diversité des pratiques plus ou moins vulnérables face au loup et à l’ours, lesquels remettent fortement en question la pérennité de savoir-faire finement adaptés aux contextes locaux.

 


photos CERPAM
Pour en savoir plus : lgarde@cerpam.fr