Le CERPAM a participé
à plusieurs formations pour les bergers en ce printemps 2014, aussi bien à
l’Ecole du Merle (Bouches-du-Rhône) pour le massif alpin qu’au CFPPA de St-Girons
(Ariège) pour celui des Pyrénées, du 11 au 16 avril. Des thèmes variés ont été
abordés, concernant les diverses pratiques de garde, la prise en compte de la
biodiversité au pâturage, la diversité des contextes de pastoralisme dans les
massifs alpins, pyrénéens et sur d’autres continents avec des intervenants des
Pyrénées et du CIRAD présents à St-Girons, ainsi que l’épineuse question de la
prédation et des contraintes qu’elle impose aux bergers. Ces formations menées
devant des publics de bergers apprenants ou confirmés ont donné lieu à de
nombreux échanges. Un projet d’article écrit ensemble par les pastoralistes et
les bergers de l’Association des bergers de Provence et des Alpes du Sud sur la
diversité des pratiques de gardiennage en est l’une des retombées. Il doit
présenter les multiples « bonnes façons de faire », chacune
s’adaptant à une logique, un contexte, une cohérence globale reliant l’homme,
le type d’animal, le milieu naturel, le produit et son mode de
commercialisation.
Ainsi le gardiennage
permanent serré permet de conduire de gros troupeaux regroupés en s’appuyant
sur de vastes formes de relief bien dégagés qui s’y prêtent, avec une race
grégaire comme la Mérinos
d’Arles, et pour des animaux à besoins limités. Le gardiennage permanent souple
convient sur des alpages ou des parcours plus difficiles, pierreux, séchant, ou
embroussaillés, ainsi que pour la conduite d’animaux à plus forts besoins,
notamment les mères en fin de gestation ou en lactation avec leurs agneaux
broutards qui doivent s’étaler bien plus largement pour constituer leur
ration. Le lâcher-dirigé ou girade est une pratique de gardiennage non
permanent sur certains quartiers favorables
en « donnant le biais » à des bêtes qui connaissent leur circuit,
ce qui libère le berger pour un ravitaillement ou un temps de repos, ou
l’éleveur-berger pour une autre tache sur son exploitation. Enfin, dans les
Pyrénées comme dans certaines vallées alpines, la pratique dite arrage dans les
Hautes-Alpes est également fréquente : de nombreux petits groupes
d’animaux, appelés escabots dans les Pyrénées, valorisent de petits reliefs
compartimentés peu favorables à une conduite regroupée, le travail du berger
consistant alors à des visites à des intervalles variables selon la
tranquillité des lieux et l’accoutumance des bêtes. Une diversité des pratiques
plus ou moins vulnérables face au loup et à l’ours, lesquels remettent
fortement en question la pérennité de savoir-faire finement adaptés aux
contextes locaux.
photos CERPAM
Pour en savoir plus : lgarde@cerpam.fr