mardi 29 janvier 2013

Alpes-de-Haute-Provence : « Tant que ça ne t’es pas arrivé, tu ne peux pas te rendre compte »



Dans les Alpes de Haute Provence, département le plus affecté après les Alpes-Maritimes avec près de 1000 pertes en 2012, deux zones ont été plus fortement touchées par la prédation : la vallée du Verdon et le massif des Monges. Plusieurs éleveurs sont particulièrement découragés, avec des approches de loups quasiment tous les jours sur leurs troupeaux. Sur un alpage, c’est l’aide-berger qui travaille en renfort pour protéger le troupeau qui abandonné en pleine estive, « je ne supportais plus la vision répétée de brebis égorgées ou déchiquetées, le pire c’est celles qui sont encore vivantes et qu’il faut achever ».

C’est ce sentiment d’impuissance et de découragement qui affecte le plus les éleveurs touchés, alors qu’ils ont mis en place autant que faire se peut les moyens de protection : l’essentiel des attaques sur les ovins concerne des troupeaux protégés. C’est l’occasion de rappeler le lien fort qui relie l’éleveur à son troupeau. Justement parce que ce n’est pas une activité très rentable, l’élevage pastoral est d’abord affaire de passion : «  Obtenir de belles et bonnes bêtes, c’est d’abord donner. Donner de la bonne nourriture, la meilleure herbe, le meilleur foin, donner du confort, une bonne bergerie, un bon emplacement pour qu’elles se couchent, donner de son temps, beaucoup de son temps pour les soigner, les alimenter, et puis donner de l’attention. Une attaque, elle traumatise l’éleveur, elle traumatise le troupeau, cette relation qu’on a avec les bêtes, elle est cassée ».

Dans le Pays de Seyne, très bocager et appelé communément « la Suisse provençale », c’est l’élevage bovin allaitant qui prédomine. Ce territoire est limitrophe du massif des Monges. A l’automne les éleveurs bovins en fin d’estive récupèrent leurs animaux sur leurs exploitations et les mettent dans des prés, en les triant en fonction de leur stade physiologique. Ainsi les vaches prêtent à vêler sont regroupées pour vêler à l’extérieur par petits groupes de 5 à 6. Les veaux naissent et allaitent tranquillement leurs mères. Après le départ des grands troupeaux ovins des estives, les loups se reportent en partie vers ces petits lots d’animaux au pâturage dans des prés isolés et cloisonnés par les haies, et s’en prennent aux jeunes veaux. Dans ces cas, les éleveurs observent que les mères deviennent agressives et très perturbées.

Pour en savoir plus : dbaron@cerpam.fr et sgole@cerpam.fr