mardi 29 janvier 2013

Alpes-Maritimes : 20 ans après le retour du loup, la pression de prédation s’accentue encore.



Premier département par le nombre d’attaques et de victimes, les Alpes-Maritimes ont été particulièrement touchées en 2012 avec une nouvelle et forte augmentation par rapport à 2011. Les pertes atteignent 2161 animaux pour ce seul département, soit plus du tiers du total national. Concernant l’augmentation des chiffres en 2012, plusieurs facteurs entrent en compte pour expliquer cela. Tout d’abord, les zones « historiques » de présence des loups (meute Roya-Vésubie, Vésubie, Moyenne Tinée, etc.) continuent d’être des secteurs de très forte prédation. Sur les secteurs de colonisation plus récente, les meutes s’installent dans la durée, en particulier dans les Préalpes de Grasse. De plus, de nouveaux secteurs ont connus des attaques comme la commune d’Utelle, en basse vallée de la Vésubie, particulièrement problématique en début d’année ou la haute-vallée du Var cet été.

Pour donner une idée de la pression qui pèse sur les troupeaux, 31 éleveurs ont subi plus de 10 attaques en 2012, 6 éleveurs plus de 25 attaques, 2 éleveurs une cinquantaine d’attaques. Le seuil du supportable est largement dépassé. Pourtant la quasi-totalité des éleveurs ou groupements pastoraux pâturant sur le département en zone de présence du loup bénéficie de contrats de protection des troupeaux (120 contrats en 2012, soit une augmentation de 20% des contrats depuis 2011) impliquant des changements de pratiques souvent lourds. Les Alpes-Maritimes cumulent tous les facteurs de vulnérabilité : une exposition des troupeaux aux loups toute l’année, de janvier à décembre, grâce au climat méditerranéen qui permet le pâturage 12 mois sur 12 ; l’utilisation de très importantes surfaces de landes et de bois au pâturage, où l’approche furtive des loups est facilitée ; la présence au pâturage la plus grande partie de l’année d’agneaux broutards avec leurs mères, que le berger doit conduire de façon beaucoup plus étalée dans l’espace, pratique peu compatible avec les contraintes de la protection. La pression est donc permanente sur les troupeaux et s’accentue encore. Vingt ans après, rien n’est stabilisé, une situation très difficile à vivre pour les éleveurs.

Pour en savoir plus : algouty@cerpam.fr