Dans les Alpes de Haute Provence, département le plus
affecté après les Alpes-Maritimes avec près de 1000 pertes en 2012, deux zones
ont été plus fortement touchées par la prédation : la vallée du Verdon et
le massif des Monges. Plusieurs éleveurs sont particulièrement découragés, avec
des approches de loups quasiment tous les jours sur leurs troupeaux. Sur un
alpage, c’est l’aide-berger qui travaille en renfort pour protéger le troupeau
qui abandonné en pleine estive, « je ne supportais plus la vision répétée
de brebis égorgées ou déchiquetées, le pire c’est celles qui sont encore
vivantes et qu’il faut achever ».
C’est ce sentiment d’impuissance et de découragement qui
affecte le plus les éleveurs touchés, alors qu’ils ont mis en place autant que
faire se peut les moyens de protection : l’essentiel des attaques sur les
ovins concerne des troupeaux protégés. C’est l’occasion de rappeler le lien
fort qui relie l’éleveur à son troupeau. Justement parce que ce n’est pas une
activité très rentable, l’élevage pastoral est d’abord affaire de
passion : « Obtenir de belles
et bonnes bêtes, c’est d’abord donner. Donner de la bonne nourriture, la
meilleure herbe, le meilleur foin, donner du confort, une bonne bergerie, un
bon emplacement pour qu’elles se couchent,
donner de son temps, beaucoup de son temps pour les soigner, les alimenter, et
puis donner de l’attention. Une attaque, elle traumatise l’éleveur, elle
traumatise le troupeau, cette relation qu’on a avec les bêtes, elle est
cassée ».
Dans le Pays de Seyne, très bocager et appelé communément
« la Suisse
provençale », c’est l’élevage bovin allaitant qui prédomine. Ce territoire
est limitrophe du massif des Monges. A l’automne les éleveurs bovins en fin
d’estive récupèrent leurs animaux sur leurs exploitations et les mettent dans
des prés, en les triant en fonction de leur stade physiologique. Ainsi les
vaches prêtent à vêler sont regroupées pour vêler à l’extérieur par petits
groupes de 5 à 6. Les veaux naissent et allaitent tranquillement leurs mères.
Après le départ des grands troupeaux ovins des estives, les loups se reportent
en partie vers ces petits lots d’animaux au pâturage dans des prés isolés et
cloisonnés par les haies, et s’en prennent aux jeunes veaux. Dans ces cas, les
éleveurs observent que les mères deviennent agressives et très perturbées.
Pour en savoir plus : dbaron@cerpam.fr et sgole@cerpam.fr