mardi 29 janvier 2013

Bouches-du-Rhône : premières attaques de loups dans la Sainte-Victoire



Le loup ne figure pas dans les tableaux de Cézanne. Il est bien trop discret. C’est sans doute cette discrétion qui rend si difficile la pleine reconnaissance des attaques du prédateur dans les nouvelles zones de colonisation. Qu’on en juge. L’éleveur présent à Vauvenargues a constaté une première attaque fin janvier dans un parc électrifié utilisé pour les béliers. Affolés, ils ont rompu la clôture. Bilan, un mâle disparu, un autre avec une patte cassée. Bien sûr, pas de reconnaissance possible du rôle d’un loup. Fin avril, nouvelle attaque à nouveau dans un parc électrifié : 5 brebis égorgés proprement, un agneau disparu ; mais le constat a été écarté en raison de problèmes administratifs. En novembre l’éleveur tombe nez à nez avec un loup, un jeune mâle selon lui sur les crêtes de la Sainte-Victoire. Aucune crainte de l’animal, malgré la présence de l’homme. L’éleveur a aussitôt redescendu le troupeau et compté : 5 brebis et une chèvre manquante. De retour sur les lieux, il repère des traces de sang, mais ne retrouve aucun reste dans ce terrain escarpé et très embroussaillé. Nouvelle perte sèche. Dans le courant du mois de novembre, deux nouvelles attaques se produisent, en présence à chaque fois d’un patou : lors de la première, une brebis égorgé et 4 manquantes ; lors de la deuxième, 5 brebis tuées et une manquante. C’est à cette époque que des chasseurs ont pu observer un loup à proximité. Bilan de l’éleveur pour l’année 2012 : 5 attaques, 11 animaux tués, 13 disparues. Sur ce total, un seul animal a été reconnu « loup non exclu » et indemnisé. Un autre éleveur a subi une attaque à Jouques (un animal tué) ; mais ignorant de la procédure, il l’a montrée à un vétérinaire, et le constat administratif n’a pas été effectué.

Dans les zones de colonisation, les procédures ont du mal à se mettre en place dans de bonnes conditions la première année (circulation de l’information, mise en place des procédures, formation et expérience des agents). Il se rajoute le fait que dans les parcours boisés, embroussaillés, escarpés utilisés toute l’année dans les départements méditerranéens, il est souvent difficile de retrouver les carcasses, et ce d’autant plus que nombreux sont les charognards qui dispersent et consomment rapidement les restes (les sangliers notamment). Au total, s’il faut saluer les importants efforts effectués par les administrations pour indemniser les éleveurs touchés par les attaques de loups, il faut aussi reconnaître que bien des pertes dues au loup ne sont pas en situation d’être indemnisées.

Pour en savoir plus : sdebit@cerpam.fr