Le loup ne figure pas dans les tableaux de Cézanne. Il est
bien trop discret. C’est sans doute cette discrétion qui rend si difficile la
pleine reconnaissance des attaques du prédateur dans les nouvelles zones de
colonisation. Qu’on en juge. L’éleveur présent à Vauvenargues a constaté une
première attaque fin janvier dans un parc électrifié utilisé pour les béliers.
Affolés, ils ont rompu la clôture. Bilan, un mâle disparu, un autre avec une
patte cassée. Bien sûr, pas de reconnaissance possible du rôle d’un loup. Fin
avril, nouvelle attaque à nouveau dans un parc électrifié : 5 brebis égorgés
proprement, un agneau disparu ; mais le constat a été écarté en raison de
problèmes administratifs. En novembre l’éleveur tombe nez à nez avec un loup,
un jeune mâle selon lui sur les crêtes de la Sainte-Victoire. Aucune
crainte de l’animal, malgré la présence de l’homme. L’éleveur a aussitôt
redescendu le troupeau et compté : 5 brebis et une chèvre manquante. De
retour sur les lieux, il repère des traces de sang, mais ne retrouve aucun
reste dans ce terrain escarpé et très embroussaillé. Nouvelle perte sèche. Dans
le courant du mois de novembre, deux nouvelles attaques se produisent, en
présence à chaque fois d’un patou : lors de la première, une brebis égorgé
et 4 manquantes ; lors de la deuxième, 5 brebis tuées et une manquante.
C’est à cette époque que des chasseurs ont pu observer un loup à proximité.
Bilan de l’éleveur pour l’année 2012 : 5 attaques, 11 animaux tués, 13
disparues. Sur ce total, un seul animal a été reconnu « loup non
exclu » et indemnisé. Un autre éleveur a subi une attaque à Jouques (un animal
tué) ; mais ignorant de la procédure, il l’a montrée à un vétérinaire, et
le constat administratif n’a pas été effectué.
Dans les zones de colonisation, les procédures ont du mal à
se mettre en place dans de bonnes conditions la première année (circulation de
l’information, mise en place des procédures, formation et expérience des
agents). Il se rajoute le fait que dans les parcours boisés, embroussaillés,
escarpés utilisés toute l’année dans les départements méditerranéens, il est
souvent difficile de retrouver les carcasses, et ce d’autant plus que nombreux
sont les charognards qui dispersent et consomment rapidement les restes (les
sangliers notamment). Au total, s’il faut saluer les importants efforts
effectués par les administrations pour indemniser les éleveurs touchés par les
attaques de loups, il faut aussi reconnaître que bien des pertes dues au loup
ne sont pas en situation d’être indemnisées.