Dans le Canjuers, le poids de la prédation est resté contenu
pendant les premières années d’arrivée d’un loup, malgré un premier pic
d’attaque en 2003. Mais à partir de 2008, tout explose avec la constitution
d’une meute. Très vite, les dégâts subis par les éleveurs atteignent désormais
500 à 600 animaux par an. C’est près de 4 % de taux de perte annuel pour les
15 000 ovins et caprins au pâturage !
C’est que le Canjuers est un territoire très particulier, un immense camp militaire dont l’établissement
dans les années 1970 a
conduit à exproprier tous les éleveurs. Ces derniers ont conservé des droits de
pâturage sur toute la périphérie du camp, mais sont désormais réinstallés à
l’extérieur. Et le
pâturage est logiquement soumis aux contraintes liées aux
activités militaires, ce qui s’est traduit notamment par la difficulté
d’implantation d’équipements pastoraux.
En 2005, une première étude du CERPAM soulignait l’extrême
vulnérabilité des éleveurs pâturant le Canjuers en cas d’implantation d’une
population de loups sur ce territoire de parcours méditerranéens :
"prédiction" malheureusement confirmée 3 ans plus tard. Cette étude
identifiait les actions à mener et qui ont été engagées à grande échelle à
partir de 2007 :
Réalisation de 13 diagnostics de vulnérabilité qui
concernent prés de 20 000
ha ( 2/3 de la surface pastorale et 67% des unités
pastorales)
Constitution de 6 groupements pastoraux qui gèrent plus de
la moitié du territoire pastoral de Canjuers
11 parcs de regroupement nocturne et 1 parc d’appui au
gardiennage
7 points d’abreuvement pour sécuriser l’accès à l’eau
(stockage et distribution)
3 cabanes pastorales et 2 bâtiments d’élevage à réaliser ou
rénover et
222
ha
de coupes de bois
286
ha
de brûlage dirigé
100
ha
de débroussaillement
L’impact réel de ces mesures devra être évalué dans le temps
afin de mesurer leur efficacité. L’effort d’adaptation demandé aux éleveurs et
assumé par eux est considérable. Il est nécessaire également d’engager une
régulation du prédateur pour diminuer la pression sur les troupeaux.
Pour en savoir plus : pthavaud@cerpam.fr