Premier département par le nombre d’attaques et de victimes,
les Alpes-Maritimes ont été particulièrement touchées en 2012 avec une nouvelle
et forte augmentation par rapport à 2011. Les pertes atteignent 2161 animaux
pour ce seul département, soit plus du tiers du total national. Concernant
l’augmentation des chiffres en 2012, plusieurs facteurs entrent en compte pour
expliquer cela. Tout d’abord, les zones « historiques » de présence
des loups (meute Roya-Vésubie, Vésubie, Moyenne Tinée, etc.) continuent d’être
des secteurs de très forte prédation. Sur les secteurs de colonisation plus
récente, les meutes s’installent dans la durée, en particulier dans les
Préalpes de Grasse. De plus, de nouveaux secteurs ont connus des attaques comme
la commune d’Utelle, en basse vallée de la Vésubie, particulièrement problématique en début
d’année ou la haute-vallée du Var cet été.
Pour donner une idée de la pression qui pèse sur les
troupeaux, 31 éleveurs ont subi plus de 10 attaques en 2012, 6 éleveurs plus de
25 attaques, 2 éleveurs une cinquantaine d’attaques. Le seuil du supportable
est largement dépassé. Pourtant la quasi-totalité des éleveurs ou groupements
pastoraux pâturant sur le département en zone de présence du loup bénéficie de
contrats de protection des troupeaux (120 contrats en 2012, soit une
augmentation de 20% des contrats depuis 2011) impliquant des changements de
pratiques souvent lourds. Les Alpes-Maritimes cumulent tous les facteurs de
vulnérabilité : une exposition des troupeaux aux loups toute l’année, de
janvier à décembre, grâce au climat méditerranéen qui permet le pâturage 12
mois sur 12 ; l’utilisation de très importantes surfaces de landes et de
bois au pâturage, où l’approche furtive des loups est facilitée ; la
présence au pâturage la plus grande partie de l’année d’agneaux broutards avec
leurs mères, que le berger doit conduire de façon beaucoup plus étalée dans
l’espace, pratique peu compatible avec les contraintes de la protection. La
pression est donc permanente sur les troupeaux et s’accentue encore. Vingt ans
après, rien n’est stabilisé, une situation très difficile à vivre pour les éleveurs.