Les Hautes-Alpes constituent une exception régionale :
on constate en 2012 une baisse d’environ 20% des attaques et des victimes par
rapport à 2011. Mais la prédation ne diminue cependant pas partout. La pression
est variable selon les territoires. Ainsi le Dévoluy, la Clarée et le Bochaine se
distinguent par un nombre d’attaques et de victimes importants. Deux nouveaux
secteurs sont touchés en Préalpes, le Rosannais et le Serrois. Une grosse
contrainte pour ces éleveurs qui sont attaqués aux abords des bergeries. Avec
des troupeaux dehors dans des zones fortement boisées, la tension risque d’être
forte. Le schéma de protection tend à évoluer : les éleveurs se dotent de
plus en plus de chiens de protection, tandis que le nombre d’aides-bergers a
tendance à diminuer. Si nous ne devions garder qu’un fait marquant de cette
année 2012, de toute évidence ce serait l’attaque survenue à La Cluse à la fin du mois
d’août. Elle s’est déroulée de jour, par 4 loups, sous les yeux du berger,
assistant impuissant à la scène et devant faire face à l’un d’eux qui venait
dans sa direction pour le faire fuir. Ce
qui est marquant, ce n’est pas tant le nombre de bêtes tuées (2 mortes et 2
disparues), ce n’est même plus la colère et l’exaspération des éleveurs, mais
le traumatisme de ce berger, un mois après avoir subi cette attaque. Il n’en
revenait toujours pas en nous racontant cela : « de jour, devant mes yeux, tu t’imagines ? » ;
« je ne savais plus quoi faire, j’ai regardé mes chiens et je crois qu’ils
étaient tout aussi étonnés que moi de ce qui nous arrivait »…
Dans le département, les tensions autour des chiens de
protection s’accroissent. Depuis quelques années, ils suscitent une sorte de
« psychose » auprès de ceux qui fréquentent la montagne. Que les
incidents soient avérés ou non, ce phénomène prend de l’ampleur et en arrive à
devenir très problématique dans certaines zones, notamment les plus
touristiques. Le CERPAM est de plus en
plus interpellé sur la question de la présence des patous dans les troupeaux.
Nombreux sont ceux qui pensent dans les vallées qu’ils sont incompatibles avec
une activité de randonnée. On entend souvent dire que les patous sont « méchants », qu’il y a eu des
« attaques » (sur des randonneurs), que les gens ont peur d’aller à tel
ou tel endroit…. Et ce, malgré des campagnes de sensibilisation réalisées
auprès des randonneurs sur certains circuits bien identifiés, ou avec des spots
sur les radios locales. Cette ambiance rajoute une pression de plus pour les
éleveurs et les bergers.
Pour en savoir plus : asilhol@cerpam.fr